La pollution digitale, invisible mais bien présente

Dernière mise à jour : 20/11/2020

Avis : Cet article contient des liens affiliés.

J’ai déjà survolé le sujet de la pollution digitale il y a presque quatre ans (damn, le temps passe si vite!). Aujourd’hui, c’est un problème auquel je m’intéresse plus sérieusement, alors je me permets d’approfondir le sujet davantage. Pourquoi? Parce que l’ensemble du secteur des technologies de la communication pourrait représenter jusqu’à 14% des émissions de carbone d’ici 2040, mais aussi pour des raisons personnelles.

Certains trucs partagés dans mon article précédent sont encore d’actualité, mais je veux maintenant faire ce que je n’avais pas fait à l’époque : faire état des chiffres et des faits récents. En gros, c’est une version améliorée de mon premier article sur le sujet.

Ironiquement, je partage le fruit de mes recherches sur un blogue, hébergé sur le web, et j’ai dû faire rouler pas mal les serveurs de Google (mais en utilisant Ecosia!) pour trouver réponse à mes questions. Un mal pour un bien? 😅

Non, c’est pas la pire affaire, l’impact du numérique. Mais comme je suis déjà pas mal « niveau expert » du côté écolo dans les autres sphères de ma vie, j’en suis rendue là dans ma réflexion. 😉

Je vais aussi faire un rappel de certains conseils que j’ai déjà partagé sur le blogue, pour celles et ceux qui voudraient savoir ce qu’on peut faire à petite échelle contre la pollution digitale. Ceux-ci ne changeront probablement pas grand-chose, mais si ça peut vous aider à vous sentir cohérent dans vos démarches écolos (comme c’est mon cas), bah ça sera au moins ça!

Ordinateur portable, téléphone intelligent et paire d'écouteurs.

Quelques chiffres au Québec

Au début de mes recherches, j’ai trouvé principalement des chiffres en France et aux États-Unis. Sauf que ce qui m’intéressait, c’est les chiffres de l’utilisation du web et des services numérique au Québec. Ça m’a pris quelques heures pour dénicher exactement ce que je cherchais, et c’est grâce au CEFRI que j’ai enfin trouvé des statistiques locales!

Le CEFRI est un organisme de recherche et d’innovation à but non lucratif qui travaille à comprendre et analyser l’évolution numérique au Québec. L’organisme est soutenu par le ministère de l’Économie et de l’Innovation du gouvernement du Québec. C’est donc dire que leurs statistiques devraient être fiables!

Selon une enquête de l’organisme effectuée en 2018 :

  • 91 % des adultes québécois disposaient d’une connexion Internet résidentielle;
  • 84 % des adultes québécois ont utilisé Internet au moins une fois par jour;
  • 76 % des adultes québécois possédaient un téléphone intelligent;
  • 55 % des adultes québécois possédaient une tablette électronique;
  • 47 % des adultes québécois ont effectué des achats en ligne;
  • 71% des québécois âgés de 18 à 24 ans sont abonnés à Netflix (50% chez les 25 à 34 ans);
  • 83 % des adultes québécois utilisent les réseaux sociaux.

Pour plus de statistiques et plus de précision selon les tranches d’âges, consultez l’enquête complète. Je me suis limitée aux chiffres qui concordent avec la majorité de mon lectorat. 😉

C’est quoi, la pollution digitale?

En une phrase : c’est l’impact environnemental des appareils électronique, autant des appareils eux-mêmes (de leur fabrication à leur « désuétude* ») que de leur utilisation (principalement Internet).

* J’utilise des guillemets parce qu’il s’agit souvent d’obsolescence programmée.

L’impact environnemental de l’utilisation d’Internet

Note : Pour chaque sous-section, vous trouverez la liste de mes sources.

Les centres de données et les serveurs web

Commençons par la base, ce sans quoi Internet ne peut exister : les centres de données et les serveurs web.

En juillet 2019, on estimait que l’ensemble du secteur des technologies de l’information et de la communication était responsable de 4% des émissions de carbone dans le monde, contre 2% en 2007. On pourrait atteindre les 8% en 2025.

Pas de surprise ici, les centres de données requièrent de l’électricité pour fonctionner, et ce, sans arrêt. Selon les pays, certains serveurs sont alimentés par des énergies vertes (Google – incluant YouTube – Facebook et Apple, par exemple). Dans d’autres cas, les serveurs peuvent être alimentés par des centrales nucléaires ou au charbon.

À noter : Google utilise des énergies vertes pour subvenir à ses propres besoins énergétiques, mais l’entreprise est tout de même impliquée dans l’industrie pétrolière.

Selon Gary Cook, un analyste en technologie de l’information chez Greenpeace, seuls 20 % de l’électricité utilisée dans le monde pour faire fonctionner les centres de données proviennent d’énergies renouvelables.

Et comme ils fonctionnent constamment, il faut les refroidir pour éviter qu’ils ne surchauffent. On utilise donc des refroidisseurs d’air qui, eux aussi, utilisent énormément d’électricité.

Certains centres de données sont situés dans les pays au Nord (Islande, Irlande, Canada, etc.). Les températures étant plus basses, les dépenses énergétiques pour le refroidissement de l’équipement sont donc largement diminuées.

Que faire?

  • Si l’adresse du site à consulter est connue, l’écrire directement dans la barre d’adresse plutôt que de passer par un moteur de recherche (ex. Plutôt que de googler « Écolo imparfaite », taper directement ecoloimparfaite.com dans la barre d’adresse);
  • Conserver ses sites préférés dans les favoris de son navigateur web;
  • Passer moins de temps en ligne en adoptant le minimalisme digital (c’est le sujet de mon prochain article 😉).
Sources :
Is the Internet Bad for the Environment? – Our Changing Climate (vidéo)
Enquête #ClickClean – Greenpeace USA
Data centers – Wikipédia (section Energy use)
“Tsunami of data” could consume one fifth of global electricity by 2025 – The Guardian
Google and Amazon are now in the oil business – Vox (vidéo)
Climate Crisis : The Unsustainable Use of Online Video – The Shift Project
La face cachée du numérique – Livre de Fabrice Flipo, Michelle Dobré et Marion Michot (lien affilié)
10 trucs pour surfer plus vert – Carbone (Radio-Canada)

Les courriels

L’impact environnemental de l’envoi de courriels est assez minime, mais c’est bien de se rappeler qu’il y en a un même s’ils sont immatériels :

  • Pourriel : 0,3 g de CO₂
  • Courriel « régulier » (sans ou avec pièces jointes) : 4 g de CO₂
  • Courriel avec pièce(s) jointe(s) lourde(s) : 50 g de CO₂

Et ne jamais supprimer ses courriels ou faire le ménage dans les infolettres qu’on reçoit a aussi un coût écologique : plus il y a de courriels à stocker, plus on a besoin de serveurs… qui, je le rappelle, doivent être alimentés en électricité (pas toujours propre) et refroidis.

Que faire?

  • Faire le ménage de sa boîte courriel régulièrement;
  • Enregistrer les messages importants sur son ordinateur pour ensuite les supprimer de sa boîte de courriels;
  • Se désabonner des infolettres qu’on ne lit jamais (vous savez lesquelles!);
  • Être plus efficace dans ses envois de courriels en optimisant les échanges;
  • Limiter les pièces jointes;
  • Éviter de joindre des fichiers très lourds;
  • Se limiter dans les destinataires (est-ce que toutes ces personnes ont absolument besoin de l’information?);
    • Éviter de « répondre à tous » lorsque ce n’est pas nécessaire.
Sources :
What’s the carbon footprint of … email? – The Guardian (ça date, mais j’ai pas trouvé de données plus récentes)
5 mesures pour rendre votre e-mail plus écolo – Arobase
Mise en perspective des impacts écologiques du numérique – Raphaël Lemaire
7 astuces pour alléger vos courrielsUn point cinq (sur le site de Véronique Cloutier)
10 trucs pour surfer plus vert – Carbone (Radio-Canada)

La vidéo et musique sur demande (streaming)

Netflix, YouTube, Spotify… Ces plateformes proposant des tonnes de vidéos, films, d’albums, de podcasts doivent stocker tout ce contenu sur des serveurs. La demande augmente, et on prévoit qu’elle sera insoutenable d’ici 2040.

Le streaming est la plus grosse bête noire de la pollution numérique. Je ne saurai mieux l’illustrer et le vulgariser que Raphaël Lemaire, qui explique l’impact environnement du « sur demande » sur son site web.

« La vidéo est un support d’information dense : 10 heures de vidéo haute définition comprennent plus de données que tous les articles en anglais sur Wikipédia au format texte! […]

En 2018, la visualisation de vidéos en ligne a généré plus de 300 MtCO₂, soit autant de gaz à effet de serre que l’Espagne en émet : 1 % des émissions mondiales. »

Source : The Shift Project.

On pourrait être portés à croire que le streaming est plus écolo parce qu’on évite de consommer du plastique pour produire les CDs, DVDs et leurs boîtiers… mais non.

Que faire?

  • Diminuer sa consommation de contenu en ligne (on revient au minimalisme digital);
  • Acheter sa musique et revenir au lecteur MP3 (personnellement, j’utilise encore régulièrement le iPod que j’ai reçu à Noël en 2008 et il fonctionne encore parfaitement!);
    • Bonus : en achetant la musique des artistes qu’on aime directement (selon la méthode), on a une meilleure idée d’où notre argent va.
  • Si on ne se tanne pas de réécouter la même série ou le même film (tsé, des enfants qui trippent un peu trop sur la Pat Patrouille, mettons), mieux vaut la télécharger sur son appareil plutôt que de la streamer à chaque fois. Ou la trouver en DVD/Blue-ray (j’ai ma série pref en DVD, donc je l’écoute sans trop culpabiliser côté consommation d’énergie 😜).
  • Diminuer la qualité des vidéos (est-ce toujours absolument nécessaire de visionner en HD?).

La fabrication et la durée de vie des appareils électroniques

Comme mentionné plus haut, la fabrication des appareils électroniques (téléphones intelligents, ordinateurs, tablettes, etc.) est aussi dommageable pour l’environnement.

https://www.instagram.com/p/B4kpslaH6N9/

En gros :

  • 710 millions d’appareils électroniques ont été fabriqués en 2015. Ceux-ci ont généré 1,5 million de tonnes de déchets, soit l’équivalent de 166 fois la taille de la tour Eiffel.
  • La fabrication des téléphones intelligents, de l’approvisionnement en matériaux à l’assemblage, représente plus de 80% des impacts environnementaux.
  • Les minerais et les métaux précieux contenus dans les appareils électroniques peuvent être toxiques pour les fabricants et ceux qui les extraient, au contact de déchets, et pour l’environnement. Et l’extraction de ceux-ci n’est vraiment pas éthique.
  • Les transports ont également une empreinte environnementale importante.
    • Par exemple, un téléphone portable fait quatre fois le tour du monde, depuis l’approvisionnement en matériaux jusqu’au moment où le consommateur l’achète. Les différentes parties d’un appareil électronique proviennent souvent de plusieurs endroits sur la planète, ce qui entraîne de nombreux transports maritimes, fluviaux ou aériens.
  • Globalement, seulement 1% des téléphones mobiles sont recyclés.
  • 59% des téléphones mobiles remplacés fonctionnent toujours (sortie de nouveaux modèles).

Que faire?

  • Résister à la tentation de changer un appareil juste pour avoir le modèle le plus récent.
  • Réparer ses appareils plutôt que de les remplacer.
  • Favoriser l’achat d’appareils électroniques usagés.
  • Déposer vos appareils inutilisables dans un point de dépôt et non à la poubelle.
  • Joindre le groupe Facebook de Cindy Trottier (Tendance radis) sur la technologie écoresponsable : Les z’Écogeeks de Tendance Radis
Sources :
Causes of digital pollution – Digital for the planet (publié sur Medium)
Du sang dans nos cellulaires – Radio-Canada
Is Netflix Bad for the Environment? How Streaming Video Contributes to Climate Change – EcoWatch
Streaming music is driving upharmful emissions, according to study – Fact Mag
• D’autres sources citées plus haut (rendue ici, j’avoue que j’ai pu envie de les retracer, sorry. Je le ferai peut-être plus tard.)
La face cachée du numérique – Livre de Fabrice Flipo, Michelle Dobré et Marion Michot (lien affilié)
10 trucs pour surfer plus vert – Carbone (Radio-Canada)

Voilà. C’est pour toutes ses raisons, ainsi que l’impact sur ma vie personnelle, que je souhaite sérieusement devenir une minimaliste digitale.

Est-ce que certaines informations vous surprennent ou vous choquent? Dans mon cas, j’ai lâché plusieurs « Ben voyons don’! » pendant mes recherches… 🤯

Avis : Cet article contient des liens affiliés.

Commentaires ou question?

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *